« 59 propositions pour libérer l’info » : La mobilisation doit s’amplifier

Les réformes profondes de notre système d’information, élaborées par les Etats généraux de la presse indépendante, ont été présentées aux parlementaires, au gouvernement et aux états généraux officiels de l’information. Il est d’autant plus urgent de se mobiliser que le pouvoir français a bataillé jusqu’au bout à Bruxelles pour défendre la possibilité d’espionner les journalistes.

Il est des collisions de calendrier qui en disent long. Alors que les Etats généraux de l’information, voulus par l’Elysée et lancés le 3 octobre, tentent difficilement d’exister, la France bataille à Bruxelles pour imposer une mesure liberticide : la possibilité d’espionner les journalistes au nom d’une conception solitaire et extensive de la sécurité nationale.

Cette disposition est contenue dans l’article 4 du projet de l’European Media Freedom Act dont la négociation entre Parlement, commission européenne et Etats membres devait s’achever le vendredi 15 décembre (lire l’enquête de Disclose, Investigate Europe et Follow the money que nous publions sur notre site avec l’accord de ces trois médias).

Si ce texte est globalement considéré comme un progrès pour la liberté d’informer, le pouvoir français s’est trouvé de curieux alliés pour défendre une mesure qui l’autorisera à placer sous la surveillance de logiciels espions des journalistes travaillant sur des questions de sécurité nationale. Ces alliés sont deux gouvernements dominés par l’extrême-droite en Italie et en Suède, ainsi que la Finlande, la Grèce, Chypre et Malte, ces trois derniers pays étant réputés pour les limitations multiples apportées à la liberté d’informer.

Alors que le Parlement européen avait écarté une telle possibilité, le première ministre Elisabeth Borne, les ministres de la défense et de l’intérieur ont mandaté leurs conseillers pour imposer dans l’article 4 une« clause d’exclusion explicite » pour la France, ce qui lui permettrait d’organiser selon ses seuls critères l’espionnage des journalistes.

Cet article 4 est dénoncé par toutes les organisations de journalistes, en France et au niveau européen. Outre l’appel que nous publions sur notre site, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé ce forcing de la France dans un communiqué le 13 décembre. « Le rôle moteur de la France dans le maintien de cette disposition pourrait bien constituer une faute politique, au-delà des effets néfastes de cette disposition. Nous l’appelons à renoncer à cet article 4.4. », a déclaré son secrétaire général, Christophe Deloire.

 Le problème est que Christophe Deloire est également le délégué général des Etats généraux officiels de l’information. Sa position est en train de devenir intenable, même s’il a affirmé à de multiples reprises « l’indépendance totale » du comité de pilotage de ces Etats généraux, dont tous les membres ont été nommés par l’Elysée dans une opacité complète…

Ce climat souligne la nécessité que la mobilisation s’amplifie autour des Etats généraux de la presse indépendante, lancés par le Fonds pour une presse libre, et auxquels participent déjà plus de cent médias et organisations de journalistes. Notre grande réunion publique du 30 novembre à Paris a été un succès : 1.200 personnes étaient présentes et plusieurs milliers d’autres ont suivi sa retransmission en streaming. Le vidéo de cette soirée, désormais chapitrée, peut être vue ici. Lire ici un article de L’Humanité.

Ce rassemblement à Paris est suivi de plusieurs événements organisés par la presse indépendante en régions (lire le détail ici). Venez participer à ces débats et venez y découvrir les détails et les explications sur ces 59 propositions de réformes de l’information que nous proposons (elles sont également à télécharger ici).

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Depuis le 30 novembre, nous avons adressé ce relevé de propositions aux parlementaires travaillant ou ayant travaillé sur les questions de droit à l’information des citoyennes et citoyens, ainsi qu’au gouvernement et aux Etats généraux présidentiels de l’information. Une délégation de la presse indépendante sera auditionnée dans les prochaines semaines au ministère de la Culture ainsi qu’aux Etats généraux officiels.

Ce dispositif voulu par l’Elysée pourra-t-il seulement aboutir et, si oui, sur quoi ? C’est la principale question qui a été posée le 6 décembre par les députés membres de la commission des affaires culturelles et de l’éducation qui ont auditionné Bruno Lasserre, président des États généraux de l’information, et Christophe Deloire. Plusieurs parlementaires se sont interrogés sur le fiasco de la première agora citoyenne, le 29 novembre à Auxerre, à laquelle ont participé entre 50 et 70 personnes.

D’autres député.es ont demandé comment seront intégrées les propositions déjà sur la place publique, les 59 formulées par les Etats généraux de la presse indépendante, et bien d’autres (voir ici la vidéo de l’audition, par exemple l’intervention de Sarah Legrain ou celle de Sophie Taillé-Polian).

Les réponses très générales de Bruno Lasserre et Christophe Deloire n’ont guère permis d’avancer, moins encore d’éclairer un processus opaque. Le collectif des plus de cent médias et organisations poursuivra donc ces actions en 2024. D’abord pour faire connaître notre relevé de propositions. Surtout pour inciter les citoyennes et citoyens à se mobiliser et à se saisir de ces questions.

La liberté de l’information n’est pas une question corporatiste de journalistes parlant entre eux. C’est le droit fondamental de chacune et chacun de pouvoir accéder à une information indépendante, pluraliste et de qualité. C’est pour cela que nous vous demandons d’agir, de faire connaître ces propositions, de les transmettre à vos ami.es et proches mais aussi à vos élus locaux, régionaux, et à vos parlementaires. Envoyez ce lien https://fondspresselibre.org/59-propositions-pour-liberer-linfo et, ensemble, hackons les Etats généraux présidentiels. Merci. 

L’équipe du FPL

PS.- Relayés par les médias participants, les Etats généraux de la presse indépendante se sont heurtés, sans grande surprise, à un mur de silence dressé par les médias mainstream contrôlés les grands groupes industriels et financiers, mais aussi par les médias de service public. La collaboration de plus de cent médias et organisations est pourtant un événement inédit, qui dit à la fois la gravité de la crise de notre système d’information et l’urgence de réformes profondes.

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