Le scandale des aides publiques à la presse se poursuit

Alors que le ministère de la culture se refuse toujours à publier le montant des aides allouées aux différents titres, « Le Lettre A » a pu dénicher les chiffres. Les plus grands bénéficiaires sont les journaux de Bernard Arnault, Xavier Niel et la famille Dassault, principales fortunes du pays.

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« La Lettre A » a fait un long travail de collecte de données dans les liasses budgétaires accessibles sur data.gouv.fr pour reconstituer le détail des aides publiques versées à la presse en 2020 et 2021. Depuis 2019, sous la pression des grands éditeurs, le ministère de la culture refuse en effet de publier, comme c’était l’usage depuis 2013, la liste des titres aidés et les montants alloués. Pas de transparence, donc, pour les aides publiques.

Et l’on comprend pourquoi. Une fois de plus, ce sont les journaux possédés par les grandes fortunes françaises qui perçoivent le plus d’aides. Bernard Arnault, dans le trio de tête des plus grandes fortunes mondiales, voit ainsi ses deux journaux, Les Echos et Le Parisien, recevoir plus de 16 millions d’euros en 2021 après 22,5 millions en 2020. N’a-t-il donc pas les moyens d’investir dans ses propriétés? 

En deux ans, le groupe Le Monde, contrôlé par Xavier Niel, a reçu 18 millions d’euros, le groupe Le Figaro (famille Dassault) plus de 16 millions, Libération (Patrick Drahi via SFR et un Fonds de dotation) 14,5 millions, etc. Comme les années précédentes, les propriétaires milliardaires sont ainsi massivement financés par l’Etat… Un simple arrangement entre le pouvoir et les gros médias semble tenir de règle du jeu, ouvrant la voie à tous les soupçons de dépendance.

Ce système des aides publiques à la presse est de longue date critiqué : plusieurs rapports parlementaires, rapports de hauts fonctionnaires remis à l’exécutif, rapport de la Cour des comptes. Sont pointées l’opacité du système, son inefficacité, son absence de soutien à l’innovation, la préservation de véritables rentes…

L’an dernier, le Syndicat de la presse d’information indépendante en ligne (Spiil) s’indignait à son tour d’un tel système. Il organise « une distorsion de concurrence et nuit gravement au pluralisme », estime ce syndicat professionnel qui regroupe plus de 280 titres indépendants, très majoritairement numériques. La presse indépendante est ainsi massivement discriminée. « Cette disproportion est indécente et décourageante pour les nombreux éditeurs indépendants qui œuvrent au pluralisme de l’information », estimait le SPIIL. Un message que le gouvernement ne veut pas entendre.

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