Depuis des mois, le ministère de la culture et de la communication, en charge du secteur de la presse, est aux abonnés absents. Officiellement, il préparerait de nébuleux États généraux sur le droit à l’information.
A la mi-octobre, le Fonds pour une presse libre a transmis à deux reprises au ministère de la culture, installé rue de Valois, l’appel qu’il avait initié et qui a été signé par plus de cent médias indépendants, syndicats de journalistes et scollectifs professionnels : « Patrick Drahi ne nous fera pas taire ! », texte en soutien de nos collègues de Reflets.info.
Le ministère de la culture est en charge du secteur de la presse. Son rôle n’est pas seulement de réguler le secteur, il est aussi de défendre la liberté et le pluralisme de l’information. A deux reprises, nous avons transmis cet appel à plusieurs membres du cabinet de la ministre, Rima Abdul Malak, les informant que nous nous tenions à leur disposition pour toute précision ou information complémentaire. Résultat ? Rien, pas même un accusé de réception.
Que le ministère de la culture ait autre chose à faire que de répondre au Fonds pour une presse libre, nous pouvons aisément le comprendre. Mais qu’il ne réagisse pas à ce qui est un appel commun de la quasi-totalité de la profession, concernant une affaire particulièrement grave, est choquant pour ne pas dire scandaleux. La ministre et sa conseillère spécialisée dans les affaires de presse n’ont-elles vraiment rien à dire ou rien à faire de ce qui est un cas sans précédent de censure préalable, qui plus est ordonné par un tribunal de commerce ?
Il en est de même dans le cas encore plus extravagant et dangereux de la censure de Mediapart. Or, à défaut de la ministre de la culture, a-t-on entendu un membre du gouvernement réagir, quand une large partie de la classe politique s’exprimait ? Non, rien, pas un mot.
Depuis des mois, Rima Abdul Malak annonce la tenue d’« États généraux sur le droit à l’information ». Ils étaient prévus en novembre. Aucune nouvelle à ce jour. Pas de calendrier, pas de méthode, pas d’ordre du jour, pas d’information publique disponible sur cet hypothétique conclave…
Les deux décisions de justice rendue contre Reflets.info et Mediapart concernent pourtant très directement ce droit à l’information. La nouvelle affaire Hanouna, et l’interdiction bruyante faite par l’animateur de mettre en cause Vincent Bolloré sur une chaîne de Vincent Bolloré, relève également du droit à l’information. L’agenda extrémiste du média de la haine CNews concerne lui aussi le droit à l’information. Concentration des médias, aides publiques à la presse, régulation des Gafam, nouveaux droits des rédactions… Il y a tant d’autres sujets qui permettraient de défendre voire d’améliorer ce droit à l’information de toutes et tous.
Mais voilà, le ministère de la culture est aux abonnés absents, sans doute empêtré dans la préparation de ces nébuleux « États généraux » qui, à ce jour, lui font louper tous les trains.
L’équipe du FPL