À Perpignan, le super-flic de Louis Aliot s’acharne contre les médias

C’est une nouvelle attaque infondée contre la presse indépendante. Le journal
« L’Empaillé » est poursuivi pour « injure publique » par le directeur de la police municipale de Perpignan, dont le maire est Louis Aliot.
Entretien avec l’avocat du journal, Maître Octave Nitkowski.

« L’Empaillé », journal trimestriel indépendant diffusé en Occitanie, est attaqué en justice par Philippe Rouch, directeur de la police municipale de la ville de Perpignan, dont le maire n’est autre que Louis Aliot, premier vice-président du Rassemblement national. 

La raison ? Une enquête publiée en octobre 2023, intitulée « Perpignan : purge sur la ville », qui démonte la stratégie de « dédiabolisation » bâtie en trois ans de mandat de Louis Aliot. Derrière le vernis, la réalité est toute autre : un ancien du GUD siège au conseil municipal, une esplanade est inaugurée au nom d’un dirigeant de l’OAS, des subventions aux associations sont coupées…

L’enquête décrit également une police municipale aux méthodes violentes et reprend à ce sujet des éléments d’un article de leurs confrères de Blast. « La partie sur la police n’est qu’une infime partie de notre enquête. C’est assez fascinant de constater que l’on nous attaque sur une petite partie alors qu’on révèle bien d’autres éléments dans l’enquête », constate Émile Progeault, journaliste et directeur de la publication de « l’Empaillé ».

Entretien avec Maître Octave Nitkowski, avocat au barreau de Paris, qui défend le média indépendant.

Dans cette affaire, peut-on parler d’une procédure-bâillon qui vise à intimider « l’Empaillé » ?

On ne peut pas attaquer un journaliste en dehors de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui fixe des limites dans l’expression publique. Plusieurs indices permettent de comprendre qu’il s’agit d’une intimidation. Le journaliste de « L’Empaillé », auteur de l’article, est poursuivi pour « injure publique » et non pour « diffamation ». Cela renforce le caractère bâillon de la procédure. De plus, la demande de Philippe Rouch n’est pas rigoureuse. Il existe une incertitude sur les propos poursuivis, s’il s’agit d’un seul mot, « caïd », pour qualifier M. Rouch, ou de l’intégralité de la phrase qui le concerne dans l’article : il n’y a pas de fondement précis pour se défendre.

Philippe Rouch avait déjà attaqué « Blast » pour injures, pour avoir utilisé le mot « milice » dans un article sur les méthodes violentes de la police municipale. « Blast » a été relaxé par le tribunal de Perpignan en avril 2025. S’agit-il d’un acharnement à attaquer des enquêtes journalistiques ?

« Caïd » n’est pas plus une insulte que « milice ». Il y a aussi des précédents juridiques qui montrent que « caïd » ne revêt pas un caractère injurieux. Il s’agit d’une tentative d’intimidation judiciaire à l’encontre d’un média indépendant qui révèle des faits. M. Rouch sait qu’il va perdre vu les précédents avec « Blast », pourtant il maintient l’action. Tout cela participe d’une logique d’intimidation, avec le concours de l’argent public. Philippe Rouch bénéficie de la protection fonctionnelle, octroyée par la Ville. Il s’agit d’un choix politique de poursuivre, de profiter de l’argent public pour intimider.

Dans cette affaire, une demande de renvoi a été acceptée par le tribunal de Perpignan : l’audience prévue initialement le 16 octobre aura lieu le 8 janvier 2026.

Ce sont des demandes dilatoires pour perdre du temps et étendre l’action. Cette extension dans le temps crée une charge mentale et financière sur la personne poursuivie. Nous sommes face à une procédure faite à la hussarde qui a des répercussions graves pour « L’Empaillé », qui doit s’organiser, se déplacer à Perpignan pour une plainte de deux pages dans laquelle il y a une imprécision et des ambiguïtés sur les propos poursuivis, une faute d’orthographe sur le mot « caïd »… Cette action représente un risque grave pour la liberté d’informer. C’est pourquoi je demande, en plus de la relaxe, une condamnation pour procédure abusive.

Propos recueillis par Chloé Tridera

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