Le Fonds pour une presse libre a rejoint la campagne lancée le 1er septembre par Reporters sans Frontières et l’ONG citoyenne Avaaz pour dénoncer les meurtres de journalistes palestiniens à Gaza. 220 journalistes ont péri depuis octobre 2023. « Au rythme où l’armée israélienne tue les journalistes dans la bande de Gaza, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer », alertent les plus de 250 médias qui soutiennent l’initiative.
Dans l’immensité des crimes commis par l’État d’Israël à Gaza, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crime de génocide, il en est un très particulier : les assassinats ciblés de journalistes professionnels palestiniens présents sur le terrain. Pour le seul mois d’août, 14 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza (lire le détail ici). 11 d’entre eux ont été délibérément ciblés les 10 août et 25 août. Ils travaillaient pour des médias internationaux.
Le régime Netanyahou et l’armée israélienne nient ou accusent les victimes d’être des cadres ou militants du Hamas. D’innombrables enquêtes et témoignages disent le contraire. Dès juin 2024, une longue enquête de Forbidden Stories établissait déjà « ce constat glaçant : nombre d’entre eux ont été ciblés alors même qu’ils étaient identifiables en tant que journalistes ». Selon les dernières données de Reporters sans Frontières, 220 journalistes ont été tués depuis octobre 2023 et « au moins 56 ont été ciblés par l’armée israélienne ou tués dans l’exercice de leur travail ». Les chiffres du Committee to Protect Journalists (CPJ) sont similaires.
Israël ayant depuis le 7 octobre 2023 interdit à la presse internationale tout accès à la bande de Gaza, les journalistes palestiniens sont nos yeux et nos oreilles. Sans eux, pas de recherche de vérités, pas d’établissement de faits, pas de preuves de crimes. Sans eux, il est impossible de documenter la guerre, la famine, les deuils, les destructions.
Pour toutes ces raisons, le Fonds pour une presse libre a choisi de se joindre à la campagne lancée le 1erseptembre par Reporters sans frontières (RSF) et l’ONG de cybermilitantisme Avaaz. « Au rythme où l’armée israélienne tue les journalistes dans la bande de Gaza, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer », alertent les deux organisations également soutenues par plus de 250 médias dans 70 pays.
« À Gaza, c’est (aussi) la liberté de la presse que l’on assassine »
Au moment où se tient l’Assemblée générale annuelle des Nations Unies, il s’agit de mobiliser l’opinion mondiale pour exiger « une action forte de la communauté internationale afin de stopper les crimes de l’armée israélienne contre les journalistes palestiniens ». Cette campagne formule trois demandes simples : la protection des journalistes palestiniens à Gaza ; l’évacuation d’urgence de ceux qui le souhaitent ; un accès indépendant pour la presse internationale dans ce territoire.
Rien ne peut justifier une telle atteinte à la liberté d’informer. Le silence honteux des alliés d’Israël et, en particulier, des démocraties européennes doit cesser et des sanctions effectives être mises en place. C’est également ce que demandent une quarantaine de sociétés de journalistes de médias français dans un appel : « À Gaza, c’est (aussi) la liberté de la presse que l’on assassine ».