Plus de 80 médias, organisations et collectifs de journalistes organisent les « Etats généraux de la presse indépendante ». Cette initiative, proposée par le FPL, est une réponse à des états généraux présidentiels de l’information voulus par l’Elysée. Nous vous donnons rendez-vous le 30 novembre pour une grande réunion publique à Paris, qui sera suivie d’événements en régions. Inscrivez-vous.
L’appel du Fonds pour une presse libre à organiser des « Etats généraux de la presse indépendante », appel lancé le 3 octobre, se concrétise. Soixante-dix médias indépendants et une quinzaine de syndicats, organisations, collectifs de journalistes ont rejoint cette initiative. C’est un événement rare que de voir une large partie de la profession se retrouver pour défendre des valeurs communes et un droit fondamental : la liberté d’informer, c’est-à-dire le droit de chacune et chacun d’accéder à une information pluraliste, indépendante et de qualité.
Ces Etats généraux de la presse indépendante ne sont pas une affaire de journalistes parlant entre journalistes. Ils nous concernent toutes et tous, citoyennes et citoyens, tant il ne saurait y avoir d’authentiques délibérations démocratiques sans une information fiable, approfondie, contextualisée.
« La clef des libertés civiques d’un peuple est dans la liberté de la presse », disait en 1935 le député Emile Brachard qui défendait alors devant l’Assemblée nationale l’adoption du premier statut professionnel des journalistes. Pourquoi cette référence ? Parce que la situation d’aujourd’hui a beaucoup à voir avec celle de l’entre-deux-guerres (1919-1939), qui vit l’apogée de la « presse d’industrie ». Une presse contrôlée et asservie par les grandes fortunes de l’époque, engloutie dans la corruption, et qui allait basculer dans la collaboration.
Emile Brachard, défendant le statut de journaliste, s’en prend vivement à « ces groupes qui contrôlent les journaux, c’est-à-dire à ce capitalisme de la presse » qui méprise le journalisme indépendant et ceux qui le font, les journalistes. Il dénonce les attaques multiples de la loi fondamentale de 1881 sur la liberté de la presse, « ces interventions multiples et variées, toutes tendant à faire fléchir les règles » pour mieux satisfaire les patrons de journaux.
Près d’un siècle plus tard, cette liberté reste à défendre tant de nouvelles attaques se multiplient. Et cette liberté se doit d’être élargie tant la loi libérale de 1881 n’a cessé d’être grignotée ces quinze dernières années (voir notre vidéo avec les témoignages de six journalistes
Libérer l’information ne pourra se faire que par une mobilisation de la société. C’est pour cette raison que nous transformons les Etats généraux de la presse indépendante en un grand événement public. Il se tiendra jeudi 30 novembre, de 17h30 à 22h, Espace Reuilly, dans le XIIè arrondissement de Paris.
Cet événement sera retransmis en direct et en streaming vidéo sur les sites des médias partenaires. Il sera suivi d’autres événements en régions, en décembre et en janvier.
Vous êtes invité.es, jeudi 30 novembre à Paris, à participer aux nombreux débats qui seront organisés. Venez nombreux ! L’entrée est gratuite mais l’inscription obligatoire. C’est ici :
Cette réunion publique, nous l’avons intitulée « Libérons l’information des pouvoirs politiques, des médias de la haine, des milliardaires ». Nous vous présenterons les travaux déjà réalisés ces dernières semaines. Beaucoup de discussions, beaucoup d’échanges, de multiples réunions… Quatre groupes de travail ont été constitués, qui depuis la mi-octobre, mettent en ordre les nombreuses propositions de réformes d’un système médiatique aujourd’hui déconnecté voire rejeté par ses publics.
C’est cette fracture entre médias et publics qu’il s’agit de réduire par des réformes urgentes et ambitieuses de notre système d’information. Le débat public et son agenda informatif ne peuvent être dictés par les médias de la haine du groupe Bolloré. Ils ne peuvent pas plus être contrôlés par les calculs du pouvoir exécutif, ou par les stratégies d’influence d’un capitalisme parisien et oligarchique qui contrôle aujourd’hui l’essentiel des médias de masse.
Les travaux préliminaires de ces Etats généraux de la presse indépendante ont porté sur quatre points déterminants :
1.-Le premier est d’enrayer le processus de concentration des moyens d’information dans les mains d’une dizaine d’hommes d’affaires à la tête d’immenses groupes dont l’activité principale n’est pas l’information. Il est aussi de rééquilibrer les pouvoirs entre actionnaires de médias et rédactions de journalistes. Il est enfin d’établir une vraie transparence sur « qui possède quoi, qui fait quoi ».
2.-Le deuxième est de mettre un terme aux atteintes répétées à l’exercice d’un journalisme indépendant. Contournements de la loi de 1881 sur la presse ; procédures fallacieuses devant des tribunaux de commerce ; recours abusif au secret défense pour empêcher d’enquêter ; secret des affaires ; procès-bâillons à répétition pour intimider, menacer et décourager d’enquêter sur une entreprise et certains sujets.
3.-Le troisième est de réformer totalement le système des aides publiques à la presse. Un système opaque, discrétionnaire trop souvent, et transformé en rente publique par les grands médias quand ces aides devraient aider à la création, à l’innovation, à la consolidation de l’indépendance du journalisme et du pluralisme des médias.
4.-Le quatrième est la précarisation accélérée du métier de journaliste. Des journalistes transformés en auto-entrepreneurs ; des salaires parfois inférieurs au SMIC ; des pigistes mal payés et peu protégés.
Sur ces quatre points, des propositions de réformes existent depuis des années. Beaucoup rencontrent un très large accord dans la profession. Toutes se heurtent à l’inaction ou à l’hostilité des gouvernements successifs.
Depuis 2017, Emmanuel Macron s’est particulièrement distingué par son inaction, doublée d’une hostilité assumée envers « des médias qui ne cherchent plus la vérité ». Ses critiques récurrentes de journalistes qui voudraient « se substituer à la justice », son immobilisme face à la montée en puissance du groupe Bolloré, l’absence de réactions de ses gouvernements face aux attaques répétées contre la liberté de la presse…
Ce bilan ne peut que nourrir les inquiétudes et la défiance envers les états généraux de l’information que le président de la République a lancés le 3 octobre. Un vaste débat officiel sur des thèmes aussi larges que flous devrait déboucher dans neuf mois sur un rapport, est-il promis…
Or l’urgence est là. L’urgence de réformer un système d’information menacé d’être discrédité tant il est rejeté par une large partie de nos concitoyens. Dans la mesure de nos moyens, les Etats généraux de la presse indépendante veulent faire entendre d’autres voix. Celles de journalistes au service du droit de savoir de leur public. Celles de médias indépendants qui innovent, offrent d’autres propositions éditoriales.
Notre événement du jeudi 30 novembre sera l’occasion de présenter nos propositions. Mais aussi de débattre et de découvrir plusieurs personnalités. Le détail du programme sera publié dans les prochains jours. A très bientôt.
François Bonnet
Président du FPL
Réservation (et prochainement programme détaillé) :https://bit.ly/resaEGPI
En savoir plus sur l’événement : https://fondspresselibre.org/liberons-linfo-30-nov
Kit presse (CP, visuels HD, liens utiles, …) : https://drive.google.com/drive/folders/1ATT59bdFq-3YGwnfepKqnG6z9z40f-4b?usp=sharing
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Liste des médias et organisations participant aux Etats généraux de la presse indépendante :
Médias :
Au Poste, Usul, Reflets-info, Afrique XXI, AOC, Mediapart, La Déferlante, Premières Lignes, Off Investigation, Investigate Europe, Mediavivant, Grand-Format, Le Crestois, Le Mouais, Le Média, Rapports de force, Médiacités, Orient XXI, Les Jours, Disclose, Politis, We Report, Le Poulpe, Alternatives économiques, Le Courrier des Balkans, L’Arrière Cour, Chabe !, Le Chiffon, Blast, Street Press, Terrestres, Reporterre, Rue89 Strasbourg, Rue89 Bordeaux, Rue 89 Lyon, You Press, MarsActu, Alterpresse68.info, Lokko, Pays, Médianes, Arrêt sur images, Splann !, Ritimo, CQFD, Le Moment, Guyaweb, Basta, Vert, Radio Parleur, Les Cent Plumes, Fakir, Radio BIP / Média 25, Collectif Hors Cadre, Mediacoop, Homo nuclearus, L’Agglorieuse, L’Âge de faire, Collectif La Friche, Sciences critiques, Collectif Les Incorrigibles , INDEX, Le Poing, Cerises la coopérative, Mag2Lyon, La Clé des Ondes, L’Empaillé, Socialter, Inf’OGM
Organisations, syndicats, collectifs
FPL (Fonds pour une Presse Libre ), SNJ, SNJ-CGT, UBDM (Un Bout des Médias), INPD (Informer n’est pas un délit), Acrimed, Sherpa, Prenons la Une, Profession pigiste, La Maison des lanceurs d’alerte, SPPP (Syndicat de la presse pas pareille), AJAR (Association des Journalistes Antiracistes et Racisé·e·s), Comité de soutien français à Julian Assange, Anticor, La GARRD (Guilde des Auteurs-Réalisateurs de Reportages et Documentaires)