Par Michel Broué, Président du FPL
Désagréable et dangereuse période que la nôtre, pas seulement à cause de la pandémie et de ses dégâts humains. C’est aussi une période où des militaires de haut rang célèbrent à leur manière les 21 avril, celui du putsch d’Alger et celui de l’accession d’un Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Une période où un premier ministre présente des tableaux trafiqués aux élus ; où, de mensonges en maladresses, d’éléments de langage en techniques de com’, la confiance générale s’est perdue jusqu’à égarer la campagne de vaccination.
Une période où un jour comme un autre (le 27 avril), la journée d’information commence en France avec Marine Le Pen à France Info, Philippe de Villiers à RTL, Nicolas Dupont-Aignan à Sud Radio, Élisabeth Borne sur RMC/BFM-TV, Jean-Pierre Raffarin et Raphaël Enthoven sur LCI, Bernard-Henri Lévy puis Frédérique Vidal à France Inter, Michel Onfray à Europe 1, et Gilles Kepel sur CNews.
Une période où, profitant de la faillite du système de l’héritage capitaliste, Vincent Bolloré, qui a fait de CNews l’organe de propagande que l’on sait, est allé jusqu’à licencier des journalistes au service des sports de Canal +, s’impose comme l’homme fort du groupe Lagardère. Le voilà en position de prendre les commandes d’Europe 1 et de Hachette. Avec un Nicolas Sarkozy et des capitaux du Qatar à la manœuvre.
Entre les mains de qui vont se trouver Paris-Match et le JDD : Vincent Bolloré (s’ajoutant alors à Vivendi, Havas, C8, CNEWS, Canal+, Capital, Voici, Gala et d’autres) ou Bernard Arnault (déjà propriétaire des Échos et du Parisien) ?
Après Le Monde, Télérama, Courrier international, l’Obs, Nice Matin, France Antilles, Xavier Niel va-t-il acquérir M6 et RTL?
Cette avalanche de cynisme, de millions, d’ambitions politiques affichées et de logiques d’influence se fait au détriment direct de la seule source de libre jugement et de pensée des citoyennes et citoyens : l’information indépendante.
C’est la raison d’être du Fonds pour une Presse Libre : permettre l’information non manipulée, non censurée, libre ! Notre Fonds a lancé son deuxième appel à projets destiné à soutenir le pluralisme de la presse et l’indépendance de l’information. Nous venons de publier notre premier rapport d’activités, un bilan complet de nos actions, de nos finances et des dons perçus : c’est à lire ici.
Le FPL se donnera les moyens, dès que les conditions sanitaires le permettront, de mener des campagnes d’information ou de solidarité face aux menaces pesant sur la liberté de la presse, et de faciliter, organiser et financer des rencontres, débats et échanges autour de ces libertés fondamentales.
Pour cela, nous avons besoin de votre soutien. Le FPL ne peut recevoir de fonds publics. Seuls les dons permettent au Fonds de soutenir la presse indépendante.
Pour plus d’explications, lisez « Quatre bonnes raisons de donner au FPL » (ici).